23e Sila: Taos Amrouche évoquée à travers son parcours atypique

23e Sila: Taos Amrouche évoquée à travers son parcours atypique

Une rencontre sur l’œuvre de l’écrivaine Taos Amrouche, première romancière algérienne de langue française, a été organisée lundi, à Alger, en hommage à cette intellectuelle dont l’œuvre, «singulière», a été essentiellement marquée par la reconquête de soi. Organisée en marge du 23e Salon international du livre d’Alger (Sila), la rencontre animée par l’éditeur Amar Inagrachene, s’est longuement intéressée au parcours «singulier» de Taos Amrouche dont l’oeuvre est entièrement dédiée aux affres de l’exil auquels viendront s’ajouter les tourments dûs à sa condition de «chrétienne socialement marginalisée», dira l’orateur.

Amar Inagrachène atteste que l’auteure de «Solitude, ma mère», était une des écrivaines de son époque qui n’aura de cesse de pourfendre les «tabous» et les «traditions rétrogrades» dans une société repliée sur elle-même. «Taos Amrouche bannissait les réflexes communautaristes et refusait le repli dans une identité figée», atteste Inagrachène qui prépare une thèse sur cette figure féminine, oubliée, de la littérature algérienne qui a signé son premier roman «Jacinthe noire», en 1947. Pour étayer ses dires, l’orateur rappelle que Taos Amrouche, membre fondateur de l’Académie berbère en 1965 à Paris, a dû se retirer de cette organisation, devant le «refus de ses membres de s’ouvrir aux autres cultures».

Egalement cantatrice, Taos Amrouche a été la première artiste à adapter à l’opéra «achwiquen», chants poétiques traditionnels kabyles chantés par des femmes, pour tirer de l’oubli ce patrimoine oral, préservé et transmis par les femmes de génération en génération. Née à Tunis en 1913, Taos Marie-louise Amrouche est issue d’une famille algérienne christianisée. Elle est la fille de Fatma Marguerite Aït Mansour et la sœur de Jean El Mouhoub Amrouche (son aîné), tous deux écrivains.

Taos Amrouche est l’auteure de quatre romans autobiographiques et d’un «journal intime» dans lequel elle se révolte contre les traditions mortifères, tout en s’interrogeant sur ses déracinements et ses exils. Le 23e Sila se poursuit jusqu’au 10 novembre avec des rencontres thématiques sur le livre et l’édition. Quelque 300 000 titres d’éditeurs algériens et étrangers, dont le nombre avoisine le millier, y sont exposés.