21e salon international du livre d’Alger / il a pris fin samedi soir: Moments forts d’un Sila exceptionnel

21e salon international du livre d’Alger / il a pris fin samedi soir: Moments forts d’un Sila exceptionnel

Ces derniers sont venus, non seulement d’Alger et des wilayas environnantes, mais aussi des quarante-huit wilayas du pays.

La vingt-et-unième édition du Salon international du livre d’Alger a été vraiment exceptionnelle à plusieurs points de vue. Il y a eu d’abord cette affluence sans cesse croissante et non moins surprenante des visiteurs.

Ces derniers sont venus, non seulement d’Alger et des wilayas environnantes, mais aussi des 48 wilayas du pays.

Rencontré au stand des Editions Flammarion, Brahim Kouzrit nous a confié qu’il est venu spécialement de Ghardaïa, où il réside, afin de visiter le Sila et du coup acheter les livres qui l’intéresseraient. Au moment où nous l’avons croisé, notre interlocuteur était en quête d’un ouvrage psychologique sur: comment accompagner les personnes très âgées dans la fin de leur vie. «J’ai trouvé un livre sur ce thème au B 15 mais il coûte trop cher, 2500 DA», déplore ce visiteur.

Dans un autre stand, occupé par un éditeur égyptien, nous avons croisé une lectrice qui est venue de la wilaya de Djelfa également rien que pour ce Salon du livre. «Je suis venue précisément pour acheter ce roman», souligne-t-elle, en pointant du doigt le livre recherché. Il s’agit du roman «Zorba le Grec», traduit en langue arabe, qui est disponible au stand égyptien.

Le prix du livre, 1500 DA, ne dissuade pas la lectrice de Djelfa de s’en emparer avec passion. A l’instar de ces deux visiteurs, ils sont des dizaines de milliers à avoir traversé une partie de l’Algérie pour le Sila. Un Sila qui a tenu toutes ses promesses, malgré la difficulté d’organiser un événement avec une telle affluence extraordinaire et phénoménale. Il faut reconnaître que le moment le plus fort de cette 21e édition a été l’arrivée de la romancière Ahlam Mostaghanemi au stand du ministère de la Culture. Jamais écrivain n’a drainé une telle foule en une seule vente-dédicace au Sila ou dans une librairie algérienne.

Ahlam Mostaghanemi, elle-même, a été surprise d’un tel triomphe, pourtant prévisible, quand on sait le succès que cette écrivaine a chez les jeunes filles, surtout chez les adolescentes, à cause des thématiques qu’elle aborde dans ses livres, mais également pour ses nom-breux passages sur les chaînes de télévision orientales.

Le Sila de cette année a été celui des rendez-vous intellectuels avec des sommités, dont les deux mem-bres de l’Académie française: Dany Laferrière et Jean-Christophe Rufin. Ce dernier est d’ailleurs le premier prix Goncourt à honorer le Sila de sa présence. Lors de l’édition de 2015, c’était plutôt l’inverse qui s’était produit.

L’écrivain Mathias Enard, auteur du roman «Boussole» avait été l’invité d’honneur du Sila. Et c’est une fois ayant regagné Paris que son nom a été annoncé comme étant le Goncourt de l’année. Ce qui lui avait fait dire qu’il avait été gratifié de la baraka de Sidi Abderrahmane le saint patron d’Alger.

La conférence de l’écrivain mexicain Alleberto Ruy Sanchez restera dans les annales du Sila, puisque cet auteur qui maîtrise la magie de la narration a subjugué le public pendant deux heures d’intervention. Le Sila de cette année a la particularité d’avoir enregistré la plus importante participation du livre et des auteurs amazighs depuis le lancement de cet événement culturel international. Ce qui constitue véritablement une nouveauté à ne pas sous-estimer.

Concernant un autre aspect, celui des ventes, à l’unanimité, les éditeurs et exposants présents nous ont confié qu’ils ont réalisé des ventes extrêmement consistantes. C’est ce qui a expliqué, d’ailleurs, la rareté des offres de réductions sur les prix durant la dernière journée du Sila.

Les étals de nombreux éditeurs se sont vidés dès les trois derniers jours du Sila comme aux stands des éditions Flammarion, Chihab international et Gallimard. Ce n’est certes pas toute «la marchandise» qui a été épuisée mais la majorité des éditeurs constate que cette année, les ventes ont sensiblement augmenté par rapport à l’édition de l’année passée. Pourtant, les prix des livres ont été touchés par des hausses, parfois, ils ont doublé par rapport à la même année. Mais le marché du livre, surtout lors du Sila, a ses propres mystères qui font qu’il est difficile d’expliquer cet engouement.

Les prix de certaines nouveautés en France, qui étaient disponibles au Sila, étaient parfois exorbitants. Pourtant, il se trouve toujours des gens qui les achètent.

Le cas du dernier livre du célèbre et très lu Amine Malouf illustre parfaitement notre propos. En effet, le nouveau livre d’Amine Malouf, intitulé: «Un fauteuil sur la Seine» était proposé au stand des éditions Hachette à pas moins de… 3300 DA. Le livre de Mohamed Arkoun, «Lectures du Coran» s’est vendu à pas moins de 4200 DA, alors que celui portant biographie de Nelson Mandela «Un long chemin vers la liberté» s’est vendu à 1600 DA et en format poche. Ces montants qui peuvent paraître rebutants, n’ont pourtant pas dissuadé certains lecteurs qui y ont mis le prix pour être en possession de leurs livres préférés.

Le Sila, ce sont aussi des centaines d’écrivains, connus ou anonymes, sans lesquels, l’événement n’aurait pas eu un tel éclat. De Amine Zaoui à Ahmed Attaf, en passant par Wassiny Laredj, Youcef Merahi, Hanane Bourai, Hmida Layachi, Lynda Koudache, Rabéa Djalti, Bachir Mefti, Mohamed Sari, Khalfa Mameri, Rachid Boukherroub, Noureddine Louhal, Tarik Djerroud, Youcef Dris et la liste est très longue, ils ont été en quelque sorte les étoiles qui ont éclairé les différents stands du Sila tout au long de ces journées où le livre a été roi, à une époque où il n’est pas du tout évident d’arracher une infime place devant l’omnipotent Internet.